Au-delà des seuls gains de productivité et d'optimisation des processus de production, la transformation numérique de l'industrie permettra aussi - et peut-être surtout - de déployer de nouveaux business models économiques profondément disruptifs pour de nombreux secteurs.
On pense évidemment au modèle du “Product-as-a-service” ou Consommation à l’usage, qui devrait connaître une accélération fulgurante dans les prochaines années. Un bouleversement de la chaîne de valeur permis par la collecte et l'exploitation massive de données produit tout au long de leur cycle de vie.
Les transformations vécues dans l’informatique qui consomment désormais leurs infrastructures et logiciels grâce au Cloud et au Saas est également possible dans le monde Physique.
Plutôt que de vendre une machine-outil à un client avec une grosse facture initiale, le fournisseur pourra proposer de la mettre à disposition en contrepartie d'un paiement récurrent basé sur son utilisation réelle, ses performances ou le niveau de service. La société Sitra propose ainsi de l’ Air as a Service.
Une évolution en profondeur du modèle économique traditionnel, rendue possible par le développement des objets connectés industriels capables de remonter en temps réel un torrent de données d'usage, de maintenance, de consommation énergétique, etc. Associées à des algorithmes d'analyse prédictive, ces données de terrain très riches permettent d'optimiser les offres de services.
Dans l'automobile, ce type de modèle pourrait même remettre en cause la notion même de possession d'un véhicule. Pourquoi s'embêter à entretenir et assurer sa voiture quand on peut désormais disposer d'un service de mobilité sur demande, facturé uniquement sur les kilomètres réellement parcourus ? C'est la fin de la voiture à l'ancienne. Grâce aux données, les constructeurs pourront facturer l'usage d'un véhicule comme on paie aujourd'hui ses Giga de data mobile. Une nouvelle source de revenus récurrents extrêmement prometteuse.
Par exemple, Michelin a déjà mis cette stratégie en oeuvre en facturant ses pneus pour camion aux kilomètres. Les incentives clients/fournisseurs sont désormais alignés: des pneus de meilleure qualité mieux valorisés, changer le moins souvent possible les pneumatiques, avec un impact positif sur la planète.
Mais ce n'est pas tout. En permettant une traçabilité de bout-en-bout des process grâce à la data et aux technologies de blockchain, l'industrie 4.0 ouvre aussi la voie à de nouveaux modèles économiques circulaires et durables.
Nous pourrons bientôt proposer des produits industriels en 'boucle fermée', où chaque composant est géolocalisé et tracé pour être réutilisé en fin de vie. Une nouvelle économie de la seconde main et du recyclage rendue possible par la data.
Des opportunités de disruption complètes pour les industriels, à la fois sur les modèles économiques, la proposition de valeur aux clients, et la chaîne d'approvisionnement, mais qui nécessitent au préalable d'avoir réussi la mise à niveau de leur système d'information et de leur gestion de la donnée.
Pour aller chercher ces nouveaux relais de croissance, il faudra d'abord avoir posé les bonnes fondations numériques dans l'usine. Cela passe par une data industrielle unifiée, une infrastructure cloud sécurisée et une montée en puissance des compétences data au sein des équipes. Un vaste chantier, mais un must pour ne pas subir la prochaine vague de disruption industrielle.